Une avocate, Me Nathalie Houde, a tenté hier de rencontrer le prévenu mais celui-ci lui a fait savoir clairement qu'il ne voulait pas lui parler. Plus tard, devant le juge, Alain Piché a réitéré son choix de se défendre seul.
Visiblement bien préparé, Alain Piché a bien plaidé sa cause en employant le langage et les termes utilisés habituellement par des avocats. Il a ainsi réclamé qu'on lui remette tout document, manuscrit et numérique, que la couronne possède dans le dossier de crime d'incendie. Me Jean-François Bouvette, procureur aux poursuites criminelles et pénales chargé du dossier, lui a remis copie de ce qu'il possédait. Pour le reste, il a conseillé au prévenu de s'adresser aux services concernés (9-1-1, pompiers, etc.).
Alain Piché a dit qu'il s'opposait à sa propre remise en liberté. En fait, l'homme de 38 ans ne veut plus être soumis à des évaluations psychiatriques comme celles qu'il a connues depuis deux ans. Il était détenu au pavillon Sainte-Thérèse à la suite du double meurtre de ses parents survenu en 2007. La commission d'examen des troubles mentaux l'avait autorisé en septembre 2008 à faire des sorties supervisées. En janvier dernier, à la suite d'un rapport très positif de son médecin-psychiatre traitant, le Dr Marie-Frédérique Allard, il obtenait le droit d'avoir des sorties non supervisées. La cour d'appel a toutefois suspendu cette décision jusqu'à ce que la cause soit entendue sur le fond plus tard ce printemps.
Il se pourrait que cette décision ait déplu à Alain Piché puisqu'il a coupé graduellement les ponts avec les intervenants et son médecin traitant depuis un mois. Jeudi soir dernier, il s'est rendu dans un local du pavillon et aurait mis le feu à une poche de linge avec un briquet qu'il aurait réussi à défaire d'une chaîne qui le retenait. La fumée et la chaleur ont fait déclencher les gicleurs de telle sorte que le méfait a causé peu de dommages. Une bande vidéo de surveillance aurait démontré qu'Alain Piché était le seul à se trouver à proximité du local.
Le prévenu a mentionné au juge, lorsqu'il fut question de l'envoyer à l'Institut Louis-Philippe-Pinel, «qu'on ne pouvait contraindre indéfiniment un individu à subir une évaluation psychiatrique.» Et il a ajouté que la valeur de telles évaluations était nulle car réalisée sous la contrainte. Alain Piché a soutenu qu'il était responsable de ses actes, qu'il était sain d'esprit et qu'il avait la capacité de se défendre seul. Le juge Poudrier lui a répondu que ce fardeau était celui de la couronne et non de la défense. Le magistrat a déclaré que le prévenu interprétait de façon erronée certains articles du code criminel. En conséquence, il a ordonné une évaluation de l'aptitude de la responsabilité. «Je n'ai pas l'intention de m'y soumettre», a répliqué aussitôt Alain Piché. De plus, le juge Poudrier a désigné Me Stéphane Roof pour représenter les intérêts de l'accusé. Me Roof qui s'apprêtait à quitter la salle d'audience a dû revenir à son siège sur l'ordre du tribunal qui l'a désigné d'office. «Je ne le reconnais pas», a réagi le prévenu.
Le retour des évaluations de Pinel se fera le 24 avril.