Shawinigan bloque le projet de sablière

L'homme d'affaires René Ricard croit que la décision de la ville menace 25 emplois.

Les commentaires des citoyens formulés lors de la soirée de consultation de jeudi dernier concernant l'implantation d'une sablière sur la 4e Rue, dans le secteur Grand-Mère, ont produit leur effet.


Hier soir, en assemblée publique régulière, le conseil municipal a tout simplement décidé de mettre fin au processus de modification du règlement de zonage, nécessaire à la réalisation de ce projet. Au plus grand déplaisir de René Ricard, propriétaire d'Excavations RMG.

 



La proposition est venue de la bouche de Josette Allard-Gignac, présidente du Comité consultatif d'urbanisme. Malgré la force du message entendu jeudi soir, elle convient que la position n'était pas facile à prendre.

«Je comprends que c'est son travail, mais il faudrait que ce projet soit davantage en harmonie avec les citoyens autour», commente la conseillère du district 4.

«Ce n'est jamais facile, ce genre de dossier», convient la mairesse, Lise Landry. «J'ai beaucoup d'estime pour M. Ricard, un homme très impliqué dans la communauté. Je suis certaine qu'il ne voulait pas causer d'inconvénients aux gens. Mais nous avons constaté que les résidents avaient des craintes, même si ce n'était pas M. Ricard qui était visé.»

En fait, les citoyens de ce secteur vivent depuis plusieurs années avec les contrecoups de l'exploitation de sablières. Celles de l'entreprise Pratte & Laforme attisent particulièrement leurs frustrations au sujet du bruit, de la poussière et de la circulation lourde.



Jeudi, le CCU a hérité d'une pétition de 170 noms demandant à la Ville de bloquer ce projet.

«Tous les reproches qui ont été faits ne s'adressaient pas à moi», souligne M. Ricard, qui exploite aussi une sablière dans ce secteur, derrière l'ex-Groupe Fermont.

Selon son évaluation, il ne lui reste guère plus de 18 mois de travail à cet endroit. Si la Ville refuse de l'accommoder, des mises à pied devront être effectuées.

«Ça met 25 jobs en péril, mais ils s'en sacrent», dénonce-t-il. «Pourtant, mon projet respecte toutes les normes du ministère de l'Environnement.»

M. Ricard n'a pas voulu mentionner s'il présenterait un autre projet dans le même secteur, avec de légères modifications. «Je suis en réflexion», laisse-t-il tomber.

Son frère, Jocelyn Ricard, a donné le ton à une période de questions assez émotive sur ce sujet.



«Je souhaite que vous reconsidériez votre position», a-t-il lancé aux élus. «On génère de l'emploi, alors que ceux qui ont travaillé pour la pétition n'ont pas été honnêtes avec les gens!»

Selon René Ricard, des citoyens du secteur auraient été étonnés d'apprendre qu'il était le promoteur du projet. L'ex-conseillère Lucie DeBons s'était déplacée à l'assemblée publique pour appuyer l'homme d'affaires dans ses revendications.

«Pourquoi le conseil municipal refuse-t-il de suivre le processus public normal? Pour satisfaire une petite poignée de gens mal informés?», questionne-t-elle.

Des propos que Steve Dontigny a tournés en dérision.

«C'est le même homme qui souhaitait exploiter une nouvelle sablière dans le même secteur en 2006», rappelle-t-il. «Les gens le savent très bien.»

Son frère, Marc Dontigny, a remercié publiquement le conseil municipal pour sa prise de position.

«J'espère que le dossier est clos et que la Ville trouvera un autre site pour Excavations RMG, parce que les résidents sont écoeurés», laisse-t-il tomber.

Sur ce point, Mme Landry mentionne qu'une sablière potentielle a été identifiée dans le secteur Lac-à-la-Tortue et que cette hypothèse sera sans doute analysée de près avec M. Ricard au cours des prochains jours.