Pyramide en saran wrap à Saint-Luc-de-Vincenne?

L'amas en compostage à Saint-Luc-de-Vincennes, de Compostage Mauricie, pourrait se retrouver sous une membrane pour l'isoler de l'eau de pluie.

Le ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs étudie actuellement la possibilité d'étendre une membrane de plastique sur l'amas en compostage de 260 000 mètres cubes de l'entreprise en faillite Compostage Mauricie.


Une option qui fait frissonner d'horreur le maire de Saint-Luc-de-Vincennes, Jean-Claude Milot, qui ne veut surtout pas se retrouver avec une pyramide géante de plastique à l'entrée de son village.

 



«L'Égypte a sa pyramide de Kheops et Saint-Luc-de-Vincennes en aura une aussi, ironise-t-il. Combien de temps est-ce que ça va rester là? Et combien est-ce que ça va coûter? Ça, ça veut dire qu'ils ont donné des permis sans savoir ce qu'il y avait là-dedans. Les inspections du ministère, ça ne valait pas grand-chose s'ils ne savent même pas ce qu'il y a là.»

Le maire Milot, qui est réputé pour ses propos colorés, ajoute que le ministère devrait prévoir une membrane en imitation de pierre ou de brique.

«De quelle couleur est-ce qu'elle sera cette membrane? Les gens ne vont pas aimer ça cette solution. Le ministère de l'Environnement a attendu trop longtemps avant d'intervenir. Nous, ce qu'on veut, c'est qu'il fasse partir ce tas.»

Au bureau régional du ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs, Marcel Binette, directeur général adjoint, a confirmé que l'amas pourrait se retrouver sous «une grande feuille de «saran wrap»» de façon à empêcher l'eau de pluie de l'atteindre.



«Tant qu'il y aura des eaux de lixiviation sur les terres à gérer, le ministère va intervenir sur le site pour s'assurer qu'il n'y a pas de déversement. C'est à ce niveau qu'il a été envisagé d'utiliser une membrane temporaire pour essayer de limiter les eaux de lixiviation», explique M. Binette, en insistant sur le mot temporaire.

Lorsqu'on fait remarquer au directeur adjoint que cette option pourrait représenter des coûts très importants, il répond que la gestion de ces eaux contaminées est aussi très coûteuse, sans compter le risque d'émission de contaminants dans l'environnement.

«C'est pour cela qu'on pourrait envisager de mettre une membrane. Cependant, il faut tenir compte qu'on a fait de l'échantillonnage l'automne dernier. On n'a pas reçu l'ensemble des résultats encore. On les attend incessamment mais nous n'avons pas de contrôle là-dessus. Quand ils arriveront, on pourra définir le mode de gestion que nous adopterons.»

Il n'est pas exclu non plus que le ministère puisse enfouir tout l'amas, une portion seulement ou alors, qu'il choisisse l'épandage. «Si les analyses nous démontrent que tout l'amas est facilement revalorisable, on n'aura peut-être pas besoin d'installer une membrane, poursuit-il. Les résultats vont nous permettre d'avoir le mode de gestion le plus adéquat et de dépenser les deniers publics à bon escient.»

M. Binette est toutefois très clair sur un point, il n'est pas dans les visées du ministère de l'Environnement de laisser l'amas sur place longtemps. «Présentement, ce n'est pas dans nos options.»

Quant à la députée de Champlain, Noëlla Champagne, après s'être informée auprès du critique en environnement du Parti québécois, Scott McKay, elle s'est dite rassurée par l'arrivée possible d'une membrane, mais préfère elle aussi que le ministère fasse disparaître l'amas et qu'on décontamine le terrain.