Et si la moyenne d'âge de 49 ans vient compliquer les choses tout comme le ralentissement économique, les préjugés tenaces contre ces «syndiqués» n'ont rien pour faciliter leur embauche.
«Ce dossier a grandement été médiatisé et plus souvent qu'autrement, ils voyaient leur image ternie aux yeux du public», indique le président du comité de reclassement, Daniel Drolet.
Il faut dire que cette partie de bras de fer entre la direction de l'entreprise et son personnel aura donné lieu à certaines scènes disgracieuses dans la presse.
«Nous avons découvert une main-d'oeuvre plus qu'intéressante, ces personnes démontrant une grande capacité de résilience», assure le président de la firme Groupe CGO, de Shawinigan.
Selon lui, leur «excellente» participation aux activités de reclassement (par exemple, 180 en recherche d'emploi et 150 en orientation) a révélé, entre autres, des personnalités respectueuses, enthousiastes et désireuses de s'améliorer. «Il n'y a pas de fortes têtes, ce qui faisait peur à beaucoup de monde, ils sont fiables, responsables et loyaux, ne voulant pas rester à rien faire», tient à souligner M. Drolet.
En étant à une 83e expérience du genre, cet expert a vécu les cas de Tripap et Fruit of the Loom, pour ne nommer que ceux-là. Et chaque dossier a ses particularités.
«Les ex-travailleurs d'Aleris doivent accepter de grosses baisses de salaires, mais on ne les entend pas se plaindre», fait-il remarquer.
Si 65 anciens employés ne font pas partie du processus de reclassement en raison de la pension ou d'un problème de santé, on est à préparer un cours de préparation à la retraite en plus de donner des notions de base en informatique pour permettre à certains, plus âgés, de s'en tirer.
«Parmi les employeurs, on retrouve des grandes entreprises, mais aussi des PME, des compagnies de construction et des entreprises de service. Et on n'a pas eu de mauvais feedback», se plaît-il à énumérer.
Autre atout pour cette main-d'oeuvre, c'est la bonne connaissance en santé et sécurité, ayant reçu plusieurs formations à l'interne chez Aleris.
«À leur âge, ce sont des chercheurs d'emploi sérieux qui, pour la plupart, ont encore plusieurs belles années à offrir à des entreprises», renchérit M. Drolet.
Intervenant en seconde ligne, le Groupe SFP, de Trois-Rivières, par la voix de sa vice-présidente, associée, Ruth T. Lavoie, dit avoir également constaté la grande participation des ex-travailleurs pour la recherche d'emploi, les curriculum vitae et la préparation aux entrevues.
«C'est la minorité de ces gens-là qu'on a vu en page une, il ne faut pas généraliser et tous les animateurs d'ateliers m'ont fait des remarques positives», confie celle pour qui «ça vaut la peine de les embaucher».
Finalement, la spécialiste admire ces ex-employés de 57 ans qui, à quelques mois de la retraite, décident quand même de suivre des formations.
«Il ne faut pas avoir peur de leur faire signe», conclut-elle.