La malbouffe est là pour rester!

L'idée de supprimer totalement la malbouffe des arénas n'enchante pas Denise Fortin et Alexandre Périgny, qui dégustaient des frites et une boisson gazeuse, hier, à l'aréna Jean-Guy Talbot.

Malgré la tendance qui se dessine et la décision prise par certaines municipalités de rayer totalement la malbouffe de ses arénas, Shawinigan et Trois-Rivières refusent d'emboîter le pas. Pendant ce temps, la traditionnelle poutine affichée au menu fait toujours la loi dans les complexes sportifs de la région.


La coordonnatrice des concessions alimentaires au Centre sportif Alphonse-Desjardins, Guylaine Pruneau.

Cette controverse a refait surface cette semaine, alors que la Ville de Gatineau a annoncé vouloir compléter un virage santé d'ici trois ans, au sein de ses arénas municipaux. Exit, donc, les aliments à forte teneur en gras, comme c'est actuellement le cas à Québec, Lac-Etchemin et Sainte-Julie, notamment.

 

Cela dit, ce changement de cap ne risque pas de se concrétiser de sitôt à Trois-Rivières. D'ailleurs, le maire Yves Lévesque a une position plus que tranchée sur la question.

«Non, pas de ça chez nous, répond-il spontanément. Moi, je priorise des menus variés. Mais si je veux manger une poutine, est-ce que je peux ? On ne commencera pas à dire aux gens quoi faire.»

S'il reconnaît à la municipalité les pouvoirs de réglementer via l'ajout de conditions aux baux accordés aux différentes concessions, Yves Lévesque refuse même d'envisager une telle idée.

En fait, s'il n'en tenait qu'à lui, l'État devrait plutôt se tenir loin de l'assiette des citoyens. «C'est aux parents d'éduquer leurs enfants, plaide-t-il. On se demande pourquoi les gens ne sont pas plus créatifs. Bien, quand il y a un problème, c'est le gouvernement qui s'en occupe!»

Du côté de Shawinigan, on adopte une position plus tempérée. Partenaire officielle de la Coalition québécoise sur la problématique du poids, l'administration municipale a déjà eu l'occasion de se pencher une première fois sur la question, sans résultat toutefois.

Ceci étant, le dossier pourrait possiblement revenir sur la table du conseil municipal. Or, une interdiction pure et simple de la malbouffe n'est pas envisagée pour le moment.

«On ne peut pas être contre la vertu, mais l'appliquer est beaucoup plus difficile», fait valoir la mairesse Lise Landry.

«On en a déjà discuté. C'est un sujet important pour la santé, mais c'est délicat, poursuit-elle. Ce serait une décision à prendre avec tout le conseil. Et il ne faut pas oublier qu'on a des partenaires (au sein du nouvel amphithéâtre entre autres), avec qui nous avons des ententes.»

Ne pas toucher à la poutine

Frites et boisson gazeuse en mains, Alexandre Périgny et sa grand-mère, Denise Fortin, étaient confortablement installés, hier, dans les estrades de l'aréna Jean-Guy Talbot du secteur Cap-de-la-Madeleine. Pas de doute, la méthode forte adoptée par Gatineau ne les enchante guère.

«Je ne comprends pas pourquoi ils enlèveraient ça (la malbouffe) ! Ça fait partie de la base du hockey. Et puis, ici, on n'est pas à l'école», lance le jeune homme de 16 ans.

La coordonnatrice des concessions alimentaires au Centre sportif Alphonse-Desjardins, Guylaine Pruneau, croit elle aussi que la malbouffe sera difficile à déloger. Pourtant, dans ce nouvel aréna, on a remplacé les habituelles friteuses pour des fours. Mais les traditions sont bien ancrées.

«Les habitudes ont été difficiles à changer. Les clients font le saut quand ils ne savent pas que nos frites sont cuites au four», note la dame, qui croit par ailleurs que «la poutine restera toujours le repas le plus populaire dans les arénas».

La boîte à lunch

Qui plus est, parallèlement, le mode de consommation évolue lentement, semble-t-il.

En effet, si le lobby visant à conserver la malbouffe dans les restaurants des arénas est très solide, certains préfèrent plutôt adopter de saines habitudes dès maintenant. Résultat : la boîte à lunch recueille de plus en plus d'adeptes.

«J'apporte des biscuits et des jus pour mes petits-enfants après le match. Je le fais chaque fois que je viens à l'aréna. Ce n'est pas une question économique, c'est une question nutritionnelle», explique Sylvie Dontigny.