«Nous ne nous satisferons pas de demi-mesures et les citoyens ne doivent pas se satisfaire non plus de demi-mesures. Si, la semaine prochaine, le gouvernement arrive avec un programme où il y a simplement des garanties de prêt et pas d'argent sur la table, ça ne va pas régler le problème», prévient le porte-parole de l'opposition officielle en matière de Développement durable, Scott McKay, qui accompagnait les trois députés.
Le député de Saint-Maurice, Claude Pinard, craint un laisser-aller dans ce dossier et désapprouve la lenteur dont fait preuve le gouvernement pour intervenir auprès des centres de tri. «On a été en campagne électorale en novembre, une partie de décembre. Là, on est en janvier. Le premier ministre est en vacances. Il n'y a pas de conseil des ministres, on ne règle rien», déplore-t-il. «Est-ce que la semaine prochaine, c'est la ministre de l'Environnement qui va décider qu'elle s'en va sur les plages chaudes de République ou de Cuba? Pendant ce temps-là, l'économique joue son rôle», fait-il remarquer.
De son côté, Scott McKay s'est dit surpris, dans ce dossier, «de la totale absence de la vice-première ministre du Québec, Nathalie Normandeau, qui est ministre des Affaires municipales et des Régions, qui a été complètement absente du dossier alors que ce dossier-là interpelle directement les municipalités qui sont sous sa responsabilité», fait-il remarquer.
«On ne veut pas avoir de résultats dans un mois», prévient Claude Pinard. «Ça presse. Si on attend le retour en chambre, c'est le deuxième mardi de mars. Nous, on est sur la job aujourd'hui.»
Outre leurs critiques, les députés ont tenu à présenter quatre mesures qui devraient, selon eux, être appliquées dès maintenant pour aider le milieu de la récupération à passer à travers la crise. Ils demandent une aide financière pour les centres de tri, une augmentation des redevances à l'enfouissement de 10 $ à 30 $ la tonne, la création d'un comité de crise ainsi que le remboursement immédiat des sommes dues par Recyc-Québec aux municipalités.
Le député de Nicolet-Yamaska, Jean-Martin Aussant, raconte de son côté que des solutions à plus long terme devraient être envisagées.
Une étude a été faite, par exemple, sur l'ancienne usine d'Abitibi-Bowater, à Donnacona, démontrant qu'on pourrait rapidement la restructurer pour en faire un débouché pour les centres de tri, raconte-t-il. «Évidemment, ça ne va pas régler le problème demain matin», convient-il, «mais c'est un élément de solution.»
4 mesures d'urgence à mettre de l'avant
De passage en Mauricie, hier, le porte-parole de l'opposition officielle en matière de Développement durable, Scott McKay, estime que les centres de tri, qui essuient des pertes depuis octobre, ne pourront survivre avec seulement des garanties de prêts. Selon lui, le gouvernement devra y aller aussi d'une aide financière directe s'il veut s'assurer de l'efficacité de son intervention.
Scott McKay rappelle d'ailleurs que des sommes d'argent sont actuellement retenues chez Recyc-Québec alors qu'elles sont dues aux régies, dont celle la Mauricie. Ce sont, dit-il, «des sommes qui ont été accumulées depuis 2007.» Selon lui, il est question de ne remettre cet argent qu'en septembre prochain. Or, cet argent provient des producteurs de biens recyclables qui se retrouvent dans le bac bleu et qui doivent, selon la Loi sur la qualité de l'environnement, financer une partie du coût de la collecte sélective, par le biais d'Éco Entreprises Québec.
Le Parti québécois croit qu'il faut aussi tripler la redevance à l'enfouissement qui est actuellement d'un peu plus de 10 $. Cette redevance, implantée pour servir de moyen de dissuasion à l'enfouissement, est applicable à chaque tonne de matières résiduelles enfouie. Or, 85 % de cette somme est retournée aux municipalités afin de financer le programme de collecte sélective. «Ça augmente le coût d'enfouissement», reconnaît M. McKay, mais la grande partie de cet argent revient aux municipalités pour défrayer le recyclage, plaide le député. Le montant de 10 $ est trop bas, croit Scott McKay. Il devrait être fixé à 30 $, estime-t-il.
Les contrats de collecte sélective, ajoute le député McKay, ont été accordés au moment où le prix du papier atteignait autour de 160 $ la tonne. «C'était suffisant pour justifier une collecte à coût zéro», explique-t-il. Toutefois, «c'est certain que les contrats à coût zéro ne pourront pas être honorés», prévient-il, en faisant un parallèle avec les coûts de déneigement qui avaient explosé, l'hiver dernier, à cause des précipitations exceptionnellement abondantes. En obligeant les déneigeurs à respecter quand même leur contrat, les municipalités se sont retrouvées avec moins de soumissionnaires tandis que le coût du déneigement a doublé dans certains cas, rappelle M. McKay.
Dans les circonstances, les députés du Parti québécois demandent à la ministre des Affaires municipales de mettre en place un comité de crise «de façon à pouvoir revoir toute cette question de contrats de collecte qui ont été attribués par les municipalités», explique le député McKay.