Cinq millions $ pour la survie d'Espace Shawinigan

«Je ne lâcherai pas prise là-dessus. Actuellement, je me débats comme un diable dans l'eau bénite pour être capable de rencontrer les ministres et les sous-ministres conservateurs. Je ne finirai pas ma carrière sur un échec.»

Le directeur de la Cité de l'énergie, Robert Trudel, est actuellement à la recherche des 750 000 $ requis pour tenir l'exposition de l'été 2009 qui sera présentée à compter de juin à l'Espace Shawinigan. Mais encore, sa recherche ne s'arrête pas là. En fait, la somme qu'il souhaite vraiment amasser s'élève à 5 millions $.


L'été dernier, l'exposition «La vraie vie» de Ron'Mueck et Guy Ben-Ner a séduit les visiteurs.

«Si on veut survivre, on s'est fixé un objectif de 5 millions $ d'ici un an. C'est ce qui sera nécessaire si on veut que les expositions se poursuivent et sauver le Musée», dit-il. «Si le gouvernement ne nous aide pas et que nous n'amassons pas cette somme, Espace Shawinigan fermera ses portes.»

 



M. Trudel se fait actuellement aider par quelques personnalités publiques dans ses recherches, dont l'ex-premier ministre Jean Chrétien, pour tenter de trouver les contacts qui sauront débloquer les sommes nécessaires. «On a une équipe qui est au travail. On appelle partout actuellement, et plusieurs demandes sont en traitement.»

Selon les estimations de M. Trudel, il en coûtera autour d'un million $ par année pour présenter les expositions qui, au cours des six dernières années, étaient produites par le Musée des beaux-arts du Canada à Ottawa, jusqu'à ce que l'entente qui liait les deux parties prennent fin abruptement.

Rappelons les faits. Fin mai 2007, l'ex-directeur du Musée des beaux-arts du Canada à Ottawa, M. Pierre Théberge, annonce le renouvellement de l'entente pour cinq ans. L'année suivante, en mai 2008, on annonce toutefois que ladite entente prendra une nouvelle tournure, en éclipsant les expositions exclusives qui étaient présentée à Espace Shawinigan, au profit d'expositions itinérantes déjà existantes. On a coupé le budget de moitié l'an dernier, passant d'un million $ à 500 000 $, et on coupe à 100% cette année.

C'est que, face à des compressions budgétaires imposées par le gouvernement Harper, les autorités du MBA à Ottawa ont choisi de couper du côté de Shawinigan. Robert Trudel, qui a toujours cette décision dans la gorge, n'a toutefois pas mis une croix sur un éventuel retour aux expositions exclusives. «Je ne lâcherai pas prise là-dessus. Actuellement, je me débats comme un diable dans l'eau bénite pour être capable de rencontrer les ministres et les sous-ministres conservateurs. Je ne finirai pas ma carrière sur un échec.»



750 000$ pour l'été

L'exposition qui sera présentée cet été nécessite donc une somme de 750 000$, qui n'a pas encore été recueillie. «C'est l'installation qui est dispendieuse», fait valoir M. Trudel. «Juste les coûts de construction reliés à cette exposition s'élèvent à 450 000$.» Le reste de la somme est nécessaire pour le transport des oeuvres, les assurances, les artistes et les conservateurs à payer, l'album souvenir, la publicité, énumère entre autres M. Trudel. «La somme n'est pas trouvée, mais j'ai confiance. D'ailleurs on est déjà en train de travailler sur la venue de l'exposition.»

Rappelons que cette exposition se nomme «Flagrant Délit. La performance du spectateur» et qu'elle sera présentée du 20 juin au 27 septembre 2009. M. Trudel a beau présenter cette année une exposition itinérante, elle n'en sera pas moins imposante, promet-il. «Je peux vous dire que nous sommes la seule ville au Canada qui a appliqué pour l'avoir», dit-il. «Il n'y a pas un autre musée qui a les moyens de la recevoir...»