Mais tout près d'eux, de l'autre côté de la grande fenêtre qui donne sur le vaste entrepôt où sont acheminées toutes les matières domestiques récupérées dans la région, la scène détonnait.
Des tonnes et des tonnes de papiers, de verre, de boîtes de conserve, de contenants de plastique s'empilaient jusqu'au plafond. Du jamais vu. La machinerie avait peine à se faufiler pour pousser les matières vers la chaîne de tri.
«Ça ne sort pas. Personne n'en veut», a rappelé le président de Récupération Mauricie, Jean-Guy Doucet. Il faut donc vendre à perte pour pouvoir vider la place à mesure qu'elle se remplit.
Quand une entreprise privée est aux prises avec un surplus de matières premières, elle peut cesser d'en acheter, faire quelques mises à pied temporaires ou fermer temporairement ses portes, dit-il. «Mais nous, on ne peut pas arrêter», fait-il remarquer. La récupération est en effet réglementée au Québec.
«On reçoit 125 tonnes de matières par jour, entre 15 et 20 camions», signale M. Doucet. Pas étonnant qu'un contremaître exaspéré ait ordonné le détournement du contenu de trois camions vers une cellule d'enfouissement, mardi, un incident qu'ont toutefois vivement déploré le président de Récupération Mauricie et de la Régie de gestion des matières résiduelles, Pierre Bouchard.
Les deux hommes refusent de tirer la serviette et croient qu'avec un peu d'aide de Québec, il serait possible de s'en sortir. Récupération Mauricie était en effet devenu un véritable succès avant l'effondrement mondial des cours, en octobre.
Ce sont d'ailleurs les excellents rendements financiers de l'organisme qui lui ont permis de survivre jusqu'à aujourd'hui, racontent les présidents. Sans cette santé financière, les activités seraient déjà terminées, disent-ils.
Les organismes de récupération au Québec ont multiplié les démarches auprès de la ministre du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs, Line Beauchamp.
En Mauricie, la Conférence régionale des élus a aussi écrit une lettre, mais la réaction se fait toujours attendre.
«Le problème est du côté du ministère de l'Environnement», croit fermement Jean-Guy Doucet. Ce dernier pointe aussi l'apathie apparente de l'autre acteur dans ce dossier, Recyc-Québec qui, selon lui, ne semble pas avoir «saisi l'ampleur» de la situation.
Les deux présidents rappellent que le gouvernement a mis en place des règlements pour obliger les municipalités à implanter un système de récupération, ce qui fut fait à grands frais. Ces derniers réclament maintenant l'aide nécessaire pour pouvoir continuer à se conformer à ces obligations ce qui, de toute évidence, risque de ne plus être possible en Mauricie d'ici la fin du mois de février. Pierre Bouchard «demande à Québec d'agir promptement.»
«Il faut que le ministère de l'Environnement prenne ses responsabiltés», ajoute Jean-Guy Doucet.