En fait, si Louise Hubert décide d'aller plus loin dans sa démarche pour faire respecter la recommandation de la Commission des droits de la personne de mettre fin à la prière en début des séances publiques, elle peut s'attendre à recevoir de l'aide.
«Ça va dépendre de la réponse officielle du maire, de l'intention de Mme Hubert et de nos moyens. Mais ça va dans l'objectif qu'on poursuit et c'est cohérent avec ce qu'on a fait», raconte Marie-Michelle Poisson, la présidente du mouvement.
Le regroupement d'environ 350 membres s'est déjà impliqué dans le dossier de la Ville de Laval. Et il dépensera 100000$ en frais juridiques dans la cause de Saguenay qui sera débattue devant le Tribunal des droits de la personne dans quelques semaines.
Des arguments qui ne tiennent pas la route
La Commission des droits de la personne recommande à la Ville de Trois-Rivières d'abandonner la prière et cette décision agace le maire Yves Lévesque.
Ce dernier se demande bien pourquoi il devrait se plier à une décision découlant d'une plainte déposée par une seule personne et qui viendrait jeter à la poubelle une pratique qu'il qualifie de «tradition».
Selon les propos de Mme Poisson, ces arguments ne semblent pas tenir la route.
«On peut questionner l'association de la prière à une tradition québécoise. Beaucoup de Québécois ne s'associent pas à cette pratique et sont tout aussi Québécois! Et les prières viennent d'une directive de Maurice Duplessis aux Municipalités. Et le maire Lévesque parle beaucoup de la majorité. Mais c'est souvent pour défendre des droits des minorités qu'on fait appel à la Commission des droits de la personne», raconte Mme Poisson.
La présidente du Mouvement laïque québécois estime tout de même qu'on pourrait régler cette question en évitant de dépenser d'importantes sommes d'argent en frais d'avocat.
«Ce n'est pas la voie juridique qu'on préconise. On devrait interpeller la ministre des Affaires municipales et le premier ministre du Québec pour qu'une directive claire soit donnée aux Municipalités pour que cette pratique disparaisse une fois pour toutes à cause des frais que cela engendre et du climat social qui se détériore», dit Mme Poisson, en ajoutant que le mouvement rappliquera bientôt auprès de la ministre Nathalie Normandeau afin de la convaincre d'agir de cette manière.
martin.lafreniere@lenouvelliste.qc.ca
Parent réitère son appui
M. Parent estime que tout le brouhaha entourant la prière récitée dans les hôtels de ville découle de l'ignorance du contenu de la Charte des droits et libertés du Québec. Selon lui, les élus devraient mieux connaître la charte québécoise.
«Le devoir du maire d'une municipalité est de bien comprendre toutes les nuances et d'aller chercher les informations s'il est ignorant des portées juridiques, humaines et sociales des textes des lois qu'il a à faire respecter», commente M. Parent.
Selon lui, le fait que la majorité de citoyens soit touchée par la recommandation de la Commission des droits de la personne de mettre fin au récit de la prière n'est pas un argument pour lui barrer la route.
«Les citoyens ne peuvent prétendre que parce qu'ils sont majoritaires, ils peuvent privilégier les rites d'une religion. Le travail d'un maire est justement de veiller au bon ordre et d'empêcher quiconque de causer un préjudice à autrui dans ce domaine.»