En attendant la revitalisation du quartier de la gare

Quelques commerces face à la gare ont fière allure, grâce à des efforts de rénovations et d'aménagements réussis. La Ville de Trois-Rivières estime que ce sont des initiatives comme celles-là qui permettent d'améliorer non seulement le cadre bâti, mai aussi la qualité de vie dans un quartier. Les autorités municipales entendent poursuivre les efforts menés pour revitaliser le secteur de la gare.

Des propriétaires du quartier de la gare, à Trois-Rivières, commencent à piaffer d'impatience devant les annonces faites par la Ville, il y a quelques années, concernant la mise en valeur de ce secteur. Ils craignent de plus en plus la dévitalisation et souhaiteraient voir se concrétiser certaines interventions pour redonner un peu de lustre à ce coin de la ville.


Depuis plusieurs années, les résidents, propriétaires et commerçants de ce quartier qui se déploie autour de la rue Champflour, du boulevard du Saint-Maurice, ainsi que des rues Nérée-Duplessis, Père-Frédéric, Sainte-Julie et Saint-Thomas, disent assister à la détérioration de leur milieu de vie.

 



Les exemples de facteurs de dévitalisation sont nombreux: changement de vocation de la gare intermodale et du pavillon Saint-Joseph du CHRTR, présence de terrains ou de locaux vacants, fermeture du dépanneur de quartier et de commerces de proximité et détérioration du cadre bâti.

Margherita Spinoso, propriétaire de deux immeubles sur les rues Champflour et Père-Frédéric, croit que le temps est venu, pour la Ville, de donner suite à ses intentions. «J'ai acheté il y a trois ans. J'ai investi plus d'un demi-million dans ce secteur-là en croyant qu'il y aurait des efforts pour revitaliser le quartier. C'est ce qu'on m'avait dit à l'époque», explique la contribuable.

Avant même d'acheter les immeubles en question, elle avait vu une institution financière lui refuser un prêt hypothécaire parce que le secteur où elle souhaitait acquérir était «en décroissance». «J'avais appelé à l'hôtel de ville pour me renseigner et voir s'il y avait des possibilités de revitalisation et on m'a dit que oui. J'ai acheté quand même, en prenant la parole des fonctionnaires de la Ville et du maire», rappelle-t-elle.

Trois ans plus tard, elle s'étonne de voir que la Ville n'a pas beaucoup bougé dans ce quartier. Il y a bien Olymbec, qui est en train de compléter un deuxième immeuble à logements sur les terrains de l'ancien hôtel Canada, en face de la gare, mais à part ça, les interventions -­même celles de la Ville­- sont rares.



Lorsque Olymbec avait annoncé son projet d'immeubles à logements face à la gare, le maire Yves Lévesque avait indiqué que ces investissements allaient être «la bougie d'allumage pour la revitalisation du quartier de la gare». Il expliquait alors que la Ville était même en pourparlers avec un promoteur pour remplir le terrain vacant de l'ancien hôtel Windsor, à l'angle des rues Champflour et Saint-Thomas. Rien n'a été annoncé jusqu'à maintenant à cet endroit.

Mme Spinoso explique aussi que le quartier est aussi de plus en plus prisé pour la petite criminalité. «Je commence à avoir des plaintes de locataires et de commerçants pour les problèmes de prostitution, de drogue et de flânage dans le secteur. C'est rendu que je paye quelqu'un dans l'immeuble pour assurer la sécurité», affirme Mme Spinoso.

À la Sécurité publique de Trois-Rivières, on affirme toutefois qu'on n'observe pas de problématiques particulières dans ce quartier. «Quand on parle du quadrilatère Saint-Maurice, Nérée-Duplessis, Saint-Thomas et Champflour, on sait qu'il y a déjà eu beaucoup d'interventions. Mais dernièrement, ce n'est pas le cas», note l'agent Michel Letarte, porte-parole du service de police.

«Ça reste quand même les premiers quartiers. On sait qu'il y a une concentration de logements et que la densité de population fait parfois en sorte qu'on intervient plus souvent. Mais je ne vois pas émerger de problématiques particulières dans ce secteur-là», ajoute-t-il. Il fut un temps où le quartier était le coeur des activités de prostitution mais celles-ci se sont depuis déplacées vers les rues Sainte-Geneviève, Saint-François-Xavier, Sainte-Ursule, Sainte-Angèle, Saint-Paul et Sainte-Cécile, dans les environs du manège militaire et du Club de curling de Trois-Rivières.

Mme Spinoso dit aussi avoir beaucoup de difficulté à louer ses locaux vacants. «Au cours des dernières années, j'ai perdu beaucoup d'argent, non seulement en raison des locaux vacants, mais aussi parce que je paye le chauffage et l'électricité de cette bâtisse-là», note-t-elle.

Le conseiller municipal Guy Daigle, dont le district de Laviolette inclut le secteur de la gare jusqu'à la rue Sainte-Julie, croit de son côté que Mme Spinoso a «une très belle bâtisse qui va prendre de la valeur au cours des prochaines années». «Elle a fait des travaux de rénovation importants. Et il commence à y avoir pas mal de projets d'immeubles locatifs autour, que ce soit par Olymbec ou par un autre promoteur pour le terrain de l'ancien Windsor. Les gens qui vont habiter dans le quartier vont avoir besoin de petits commerces de proximité», ajoute-t-il.



Margherita Spinoso déplore enfin que ses récents appels au cabinet du maire pour vérifier s'il était toujours dans l'intention de la Ville de revaloriser le secteur soient restés sans réponse. «Je paye entre 20­000­$ et 25­000­$ de taxes annuellement. Je pense que j'aurais pu au moins avoir un retour d'appel de M. Lévesque», conclut-elle.

Un projet immobilier pour l'îlot Windsor

On pourrait bien assister à l'annonce prochaine d'un projet immobilier sur le terrain de l'ancien hôtel Windsor, à l'angle des rues Champflour et Saint-Thomas.

Le terrain, vacant depuis plusieurs années, pourrait accueillir un immeuble à logements qui viendrait rehausser le patrimoine architectural du secteur et redonner un peu de dynamisme à ce milieu de vie.

À la Ville de Trois-Rivières, on est en pourparlers avec un promoteur intéressé à y construire un édifice à logements multiples.

En fait, selon le conseiller Guy Daigle, la Ville avait lancé un appel de projets pour remplir le terrain de l'ancien Cinéma de Paris, coin Saint-Maurice et Sainte-Julie. Deux projets étaient intéressants, mais comme celui d'Olymbec semblait mieux cadrer, sur le plan architectural, avec la caserne de pompiers voisine, on a tout de même voulu offrir à l'autre promoteur la possibilité de réaliser son projet, quitte à ce que ce soit sur un terrain situé plus loin, sur Champflour.

«Le promoteur est intéressé. On est en train de regarder les possibilités avec lui», note le conseiller Daigle.

Il semble par ailleurs qu'un autre promoteur ait déposé un projet intéressant à l'hôtel de ville pour combler ce terrain vacant.



La Ville de Trois-Rivières poursuit ses efforts

La Ville de Trois-Rivières assure qu'elle fait tout ce qui est en son pouvoir pour revitaliser le quartier de la gare.

Elle maintient ses objectifs de venir en aide aux propriétaires qui souhaitent procéder à la rénovation de leurs immeubles, tout en facilitant certains projets visant à remplir des terrains vacants.

Évidemment, la revitalisation d'un quartier ne se fait pas en criant ciseau. Le directeur des communications de la Ville de Trois-Rivières, François Roy, estime que le travail est déjà amorcé.

«Oui, les environs de la gare reçoivent de l'attention. On revitalise, on restaure et on construit, dans le respect de l'architecture du quartier», remarque-t-il.

Il rappelle que la Ville a instauré un nouveau crédit de taxes de cinq ans sur les commerces des premiers quartiers, et qu'elle vient aussi de lancer un programme de subventions au patrimoine immobilier.

Plus spécifiquement, on rappelle qu'il y a quand même eu certaines interventions qui témoignent de la volonté de redonner un peu de lustre à ce secteur. Les constructions récentes sur le terrain d'Olymbec, là où la rue Champflour devient le boulevard du Saint-Maurice, en est un exemple. On note aussi la restauration majeure du bâtiment de l'ancienne «salle Notre-Dame», sur la rue Sainte-Julie.

La Ville vient par ailleurs d'annoncer un projet résidentiel sur le terrain de l'ancien Cinéma de Paris, sur le boulevard du Saint-Maurice. C'est le promoteur immobilier Olymbec qui est derrière ce projet, dont la construction pourrait débuter dès le printemps prochain.

Le conseiller municipal du district de Laviolette, Guy Daigle, estime lui aussi qu'un bon bout de chemin a été fait pour revitaliser le secteur.

«Il y a quand même beaucoup de choses qui se sont améliorées dans ce quartier-là. Et avec les programmes qu'on vient de mettre sur pied, ça va probablement inciter d'autres propriétaires à investir pour rénover leurs bâtisses», note-t-il.



Le conseiller rappelle enfin qu'il est toujours dans les intentions de la Ville de rénover les trottoirs le long de la rue Champflour et du boulevard du Saint-Maurice.