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Quatre-vingts travailleurs sont touchés par cette décision. Ce revirement de situation est provoqué principalement par deux facteurs.
D'un côté, le marché américain s'est complètement effondré au cours des dernières semaines dans des secteurs étroitement liés aux activités de déroulage de l'usine de la rue de la Fonderie. En fait, 75% de la production est destinée au sud de la frontière, pour l'industrie du meuble et de la construction notamment.
«Depuis le début novembre, le marché américain est tombé de façon absolument incroyable», commente Robert Kieffer, vice-président, affaires publiques et intergouvernementales chez Commonwealth Plywood.
«Nos ventes ont planté d'au moins 50% par rapport à septembre, qui était déjà à 50% de nos bonnes années! La baisse du dollar canadien nous redonnait espoir, puisque nous étions en mesure d'avoir des prix plus compétitifs. Mais la demande a arrêté complètement!»
En plus d'un problème de marché, Commonwealth Plywood se cherche toujours du bois à tarif compétitif. Depuis plusieurs années, la compagnie met de la pression sur le gouvernement du Québec afin d'obtenir des conditions plus avantageuses.
Au printemps, l'attribution à la division de Shawinigan d'une partie de l'ancien contrat d'approvisionnement et d'aménagement forestier de la scierie Shermag de Notre-Dame-de-Montauban avait été saluée par la direction. Mais visiblement, l'effort gouvernemental demeure insuffisant.
«L'essentiel de nos billes de déroulage sont importées», rappelle M. Kieffer. «En bout de ligne, la totalité du bois qu'on ramasse au Québec ne représente guère plus de 30% de nos approvisionnements. À un moment donné, nous visons à être indépendants des importations, mais ce ne sera pas demain la veille.»
En achetant une si grosse partie de son bois dans les forêts privées américaines, Commonwealth Plywood devient plus vulnérable en situation de crise économique.
«Les propriétaires de lots ont tout simplement arrêté de rentrer dans le bois, parce qu'il n'ont plus de preneurs», explique M. Kieffer. «Ça coupe ainsi notre approvisionnement d'à peu près 50%. Il faut donc chercher beaucoup et être prêt à payer plus cher, car il se crée une rareté.»
Le porte-parole ajoute qu'en Mauricie, le bois a tardé à sortir en raison des mauvaises conditions climatiques de l'automne. De plus, il souligne qu'AbitibiBowater a considérablement réduit ses activités en forêt.
«Nous étions un de leurs clients», précise M. Kieffer. «On perd donc ce bois-là.»
À quand la reprise?
Le porte-parole qualifie donc de «tempête parfaite» l'alignement de ces tristes scénarios.
Depuis vendredi, l'exploitation de l'usine est réduite de moitié. L'arrêt complet des activités est prévu dans dix jours.
En octobre, la direction prévoyait augmenter son effectif à 120 travailleurs en créant un deuxième quart de travail. Cet objectif n'était pas encore tout à fait rencontré.
Difficile d'identifier une date de reprise pour le moment. Certaines indications laissent présager la mi-janvier comme scénario le plus optimiste, mais M. Kieffer n'ose pas se mouiller.
«Si, au moins, on pouvait revenir aux mêmes conditions qu'en septembre... Mais actuellement, on est dans l'oeil du cyclone.»
Pour la question de l'approvisionnement, le porte-parole convient que la direction de la compagnie reprendra le bâton du pèlerin auprès du gouvernement après l'élection du 8 décembre.
Pas de panique à long terme
Robert Kieffer, porte-parole de Commonwealth Plywood, assure que cette période trouble ne remet pas en question les investissements annoncés à Shawinigan en octobre.
Un centreur de billots a déjà été installé l'été dernier. Le président de la compagnie, William T. Caine, avait confirmé l'acquisition de trois machines à assemblage lors de sa visite. Ces investissements sont évalués à deux millions de dollars.
Du reste, M. Kieffer considère que l'usine de la rue de la Fonderie repose sur des assises solides, elle qui est passée à travers l'importante opération de rationalisation de juin 2007.
«Nos usines de Shawinigan, Sainte-Thérèse et Princeville, ça prendrait la fin du monde pour que ça tombe», lance-t-il. «C'est sûr que les travailleurs finissent par se tanner. Mais c'est tellement difficile en forêt. Il n'y a plus une seule compagnie qui peut garantir du travail à long terme.»