Une autre explosion de coûts

«C'est certain qu'on parle de grois chiffres» - Lise Landry

La mise à jour d'études sur la réalisation du projet tant attendu d'assainissement des eaux et du réseau d'aqueduc dans le secteur Lac-à-la-Tortue provoque un profond malaise au conseil municipal de Shawinigan.


«Je suis très surprise, les chiffres remontaient à 2001» - France Beaulieu

En un an, les coûts estimés ont bondi de 100%, passant de 17,5 à 35 millions $. Et l'évaluation n'est même pas définitive.

Mercredi, la Ville de Shawinigan a publié un communiqué de presse, «pour faire le point» sur ce dossier. Que cette mise à jour arrive en pleine campagne électorale ne constitue qu'une pure coïncidence, assure la mairesse, Lise Landry.

 

Le gouvernement du Québec avait sorti un lapin de son chapeau en décembre dernier. Sans crier gare, la ministre des Affaires municipales et des Régions, Nathalie Normandeau, était venue annoncer que ce projet serait supporté à une hauteur de 80%.

À ce moment, il était estimé à 17,5 millions $. Le gouvernement provincial s'engageait donc à verser 14,3 millions $, via le Programme d'infrastructures Québec - Municipalité. Cette aide était déjà qualifiée d'«exceptionnelle» par Mme Normandeau.

Une semaine plus tard, la mairesse déposait son programme triennal d'immobilisations, dans lequel elle prévoyait un investissement de 22 millions $ pour la réalisation de l'assainissement des eaux et du réseau d'aqueduc. La Ville avait alors obtenu l'assurance que la proportion du support serait maintenue, ce qui faisait passer la subvention à environ 17,6 millions $.

Au cours des dernières séances publiques du conseil municipal, quelques citoyens ont questionné la mairesse sur l'avancement de ce dossier. Une rencontre a été organisée avec l'Association pour la protection du lac à la Tortue la semaine dernière et c'est là que le chat est sorti du sac.

«C'est certain qu'on parle de gros chiffres», convient Mme Landry. «Mais au départ, il faut se rappeler que le dossier de l'assainissement des eaux ne touchait qu'une partie du lac. Il y a aussi de normes environnementales qui changent.»

«Je suis très surprise, mais les chiffres remontaient à 2001», ajoute la conseillère du district 2, France Beaulieu. «Nous avons actualisé les études et on voit que c'est un dossier qui exige une intervention très complexe.»

La grande question, c'est maintenant de savoir si le gouvernement du Québec continuera à appuyer ce projet à 80% des coûts, sur la base d'une estimation de 35 millions $ qui peut encore grimper.

Mme Landry ne cherche pas nécessairement à obtenir un engagement des candidats au cours de l'actuelle campagne électorale, mais elle souhaite que le prochain gouvernement gardera le cap.

«On vit avec la réalité», résume-t-elle. «Quand Mme Normandeau est venue, on a su la veille qu'elle annoncerait ce projet. Nous avons pris les études disponibles à ce moment.»

Les quelque 3200 citoyens concernés suivent ce dossier de près. Si le gouvernement maintient son engagement d'absorber 80% de la facture, ils devront défrayer environ 4800$ par propriété. Mais si, par exemple, la subvention annoncée de 14,3 millions $ est maintenue, les coûts bondiraient à 16 000$ par contribuable du secteur.