Le juge Guy Lambert de la cour du Québec à Trois-Rivières, avait déclaré coupable le conjoint de cette femme et avait aussitôt ordonné sa détention. L'homme avait imposé aux trois enfants toutes sortes de sévices tels les laisser à genoux sur un manche à balai les bras en croix, leur faire manger du savon solide ou liquide lorsqu'ils avaient un langage incorrect, faire vomir un des enfants en la forçant à se remplir la bouche de gomme à mâcher (elle n'avait pas le droit d'avoir de la gomme dans sa bouche). Lors du procès, les trois enfants ont mentionné qu'il y avait un climat de terreur continuel dans la maison. Le père a été par ailleurs reconnu coupable d'abus sexuels sur une de ses filles.
Si les geste du père ont facilement convaincu le juge, la non-intervention de la mère n'a pas été sanctionnée. Le tribunal a conclu que la mère vivait sous l'emprise de son conjoint et qu'elle n'a pas participé aux gestes commis par son conjoint. Son acquittement a littéralement choqué les trois enfants qui ont confié que leur mère était la plupart du temps présente lors de l'imposition des sévices mais qu'elle n'intervenait pas. Le juge Lambert a reconnu que la mère a manqué à son devoir de protéger adéquatement ses enfants mais il a décidé de ne pas la condamner.
Dans son avis d'appel, Me Carle fait valoir que le juge a erré en droit en n'interprétant pas correctement l'article 21 du Code criminel quant à la notion de complicité. Cet article stipule notamment «quiconque accomplit ou omet d'accomplir quelque chose en vue de d'aider quelqu'un à le commettre.». Selon Me Carle, le juge n'a pas suffisamment tenu compte des témoignages des trois enfants. «C'est un combat que je mène depuis plusieurs années pour qu'on en vienne à condamner les femmes qui participent par la complicité aux actes de leur conjoint», précise-t-elle en ajoutant que dans le cas présent, il était important de porter en appel cet acquittement. «C'est un travail de longue haleine mais j'ai confiance qu'on arrivera à convaincre les tribunaux que les mères, en ne protégeant pas leurs enfants, sont tout aussi coupables des actes violents commis par leur conjoint.»