Alain Piché ne pourra toucher l'héritage de ses parents

En proie a divers délires, Alain Piché avait froidement assassiné ses parents, Gaétan Piché et Lucie Fournier en s'attaquant sauvagement à eux avec une hache. Sur la photo ci-haut, Piché est escorté par un agent lors de sa comparution au palais de justice.

L'ex-comptable Alain Piché, qui a assassiné ses parents à coups de hache et qui les a ensuite décapités en mars 2007, ne pourra toucher l'héritage de ses parents. Le juge Ivan Godin de la Cour supérieure à Trois-Rivières a ainsi donné suite à une requête présentée par plusieurs membres de la famille Piché pour éviter que le fils unique des défunts touche l'héritage de ses parents.


En proie à divers délires, Alain Piché avait froidement assassiné ses parents, Gaétan Piché et Lucie Fournier, en s'attaquant sauvagement à eux avec une hache. Les meurtres qui se sont produits à quelques jours d'intervalle ont été réalisés de la même manière. Dans les deux cas, Piché leur a coupé la tête pour ensuite déposer les corps dans un congélateur. Ce sont des gens près des parents qui avaient alerté la police et qui avaient demandé d'aller vérifier ce qui se passait dans la maison familiale de la rue Milot dans le secteur Cap-de-la-Madeleine.

 



Après avoir été soumis à diverses expertises, Alain Piché avait été reconnu non coupable des meurtres pour raison de troubles mentaux en juillet dernier. Une controverse est survenue quelques semaines plus tard lorsqu'un médecin-psychiatre du pavillon Sainte-Thérèse du Centre hospitalier régional de la Mauricie a soumis un plan pour permettre que Piché puisse bénéficier de quelques sorties. La commission d'examen chargée d'évaluer la pertinence de ce plan avait finalement repoussé cette idée en recommandant d'attendre avant de procéder tel que soumis.

Des membres de la famille Piché avaient d'ailleurs exprimé leurs vives craintes de voir Alain Piché retourner en société et avaient déclaré que c'était un risque non assumable et un fardeau beaucoup trop lourd pour la famille. Des gens du voisinage de la maison familiale où demeurait Alain Piché avaient aussi exprimé leur inquiétude et s'opposaient énergiquement à son élargissement graduel, à court terme.

Le juge Ivan Godin ne pouvait cependant pas trancher la question de l'héritage sur les humeurs des gens. Il a donc analysé le cas à partir des articles 620 et 621 du Code civil. La requête qui lui avait été soumise demandait qu'Alain Piché soit déclaré indigne sous les deux articles. Selon l'article 620, Alain Piché aurait dû être déclaré coupable du meurtre de ses parents. Or, il a été jugé non coupable pour troubles mentaux. L'article 621 laisse une discrétion au tribunal en spécifiant: «celui qui a exercé des sévices sur le défunt ou a eu envers lui un comportement hautement repréhensible». Le juge Godin a exercé sa discrétion en concluant que les sévices imposés par Piché à ses parents le rendait indigne de toucher l'héritage de ses parents. «Le Tribunal estime qu'il n'existe pas de motif plus grave que celui de tuer la personne dont on aurait autrement hérité, à plus forte raison lorsqu'il s'agit de son père. Le juge Godin, dans une décision séparée mais tout à fait semblable à celle-ci, tient les mêmes propos pour la mère. Le juge Godin ajoute encore ceci: «De toute façon, il répugne au sens commun qu'une personne qui en assassine une autre puisse hériter de cette dernière d'autant plus lorsqu'il s'agit d'un enfant qui tue ses parents dont il est l'héritier.»

Me Michel Pouliot, le procureur d'Alain Piché, n'a pas souhaité commenter cette décision. Il s'est dit cependant surpris et il est probable qu'il suggère à son client de porter le tout en appel. Quant aux membres de la famille Piché, ils feront valoir leur droit de toucher l'héritage de Lucie Fournier et Gaétan Piché devant un tribunal civil.