Agressée par Alain de Carufel, elle encourage les victimes à dénoncer leur agresseur

La victime d'Alain de Carufel, aujourd'hui âgée de 23 ans et maman de trois petites filles, espère que son histoire incitera d'autres victimes à dénoncer leur agresseur.

«J'ai un poids de moins sur les épaules. C'est certain qu'il n'y aura jamais aucune sentence qui pourra me rendre mon adolescence. Mais j'avais simplement besoin qu'il soit reconnu coupable, qu'il soit condamné pour ce qu'il a fait. Il m'a volé mon adolescence».


Alain de Carufel, un père de 38 ans du Centre-de-la-Mauricie, a été reconnu coupable d'agression sexuelle sur une mineur.

Assise à la table de sa cuisine, la victime d'Alain de Carufel réalisait hier soir que la page était maintenant tournée sur une partie sombre de sa vie. L'homme de 38 ans du Centre-de-la-Mauricie a été condamné hier à six mois de prison ferme pour avoir agressé sexuellement cette jeune fille pendant plus d'un an et demi.

Au moment des agressions, la jeune fille était âgée de seulement 14 ans. C'est pour cette raison que nous ne dévoilerons pas son identité. Mais la jeune femme, aujourd'hui âgée de 23 ans, tenait à raconter son histoire au Nouvelliste, ne serait-ce que pour encourager ceux qui ont déjà vécu des abus physiques et sexuels à dénoncer leur agresseur.



«Si seulement ils pouvaient savoir à quel point c'est important de les dénoncer. C'est épuisant, c'est un long processus et ça peut paraître épeurant. Mais personne ne devrait continuer de subir un tel poids», souligne la jeune femme.

Son histoire débute comme celle de bien des adolescentes de son âge qui commencent à vouloir gagner quelques sous en allant garder des enfants. Alain de Carufel était un ami proche de ses parents. Elle se rendait souvent chez lui pour garder ses enfants.

«Au début, tout se passait bien. Puis, ça a commencé par des petits becs, des caresses», raconte la jeune femme. Son agresseur est ensuite devenu plus entreprenant dans ses attouchements. «Il s'arrangeait toujours pour qu'on se retrouve seuls tous les deux. Il venait me reconduire à la maison après mon gardiennage, et au lieu de prendre 15 minutes pour me ramener, ça prenait 30 ou 45 minutes. Il inventait des histoires qu'il racontait aux autres, comme quoi on avait fait un détour pour aller chercher des disques, reporter un film», se souvient-elle.

Il est même arrivé à de Carufel de se rendre chez elle, pour rendre visite à ses parents, et d'en profiter pour aller commettre d'autres attouchements. «Je voyais sa voiture arriver dans la cour et je partais me cacher dans ma chambre. Il arrivait toujours à trouver un moyen pour que l'on se retrouve seuls. C'était tellement un beau parleur», raconte celle qui ne se sentait même plus en sécurité dans sa propre maison. «Je n'ai jamais blâmé personne pour cela, mais en même temps je n'arrivais pas à comprendre pourquoi personne ne voyait rien, pourquoi on ne m'aidait pas. Il a vraiment manipulé tout le monde», souligne-t-elle.



C'est à 18 ans, peu après qu'elle ait donné naissance à son premier enfant, qu'elle s'est confiée à son conjoint. «À chaque fois que quelqu'un m'approchait ou me touchait, je devenais craintive et nerveuse. J'étais agressive envers tout le monde. Ça ne pouvait plus durer. J'ai fini par cracher le morceau à mon conjoint et à mes parents», raconte-t-elle.

La jeune femme, aujourd'hui mère de trois fillettes, sera toujours reconnaissante de l'aide et de l'appui reçu par sa famille. «Ils m'ont cru tout de suite et n'ont pas pris ça à la légère», remarque-t-elle.

À son tour, la jeune maman tente aujourd'hui de reprendre une vie normale et d'apprendre à faire confiance aux étrangers. Un défi de tous les jours lorsqu'on élève trois jeunes filles. «Je ne veux pas que ça leur arrive. Le jour où elles commenceront à garder des enfants, personne d'autre que moi n'ira les reconduire et les chercher», affirme-t-elle.

«J'ai du travail à faire sur moi-même. Oui, je tourne la page, mais ce qui a été écrit reste écrit», constate-t-elle.