Le repaire des Hells à Trois-Rivières est-il le prochain?

Si jamais un autre gang est en cause dans l'incendie survenu à Sorel, la population aura raison d'être inquiète, selon Julian Sher. «Si on voit que c'est vraiment un autre gang (qui est impliqué), toute ville comme Trois-Rivières, qui est une base pour les Hells, peut être ciblée. Les ennemis des Hells sont nombreux et ils ne sont pas limités à une seule ville. Ça peut être des ennemis d'ailleurs qui viennent choisir une cible, n'importe quelle cible», précise M. Sher. Photo: La Presse

Le repaire des Hells Angels de Trois-Rivières est-il le prochain sur la liste de ceux qui ont détruit le bunker de Sorel? Difficile à dire puisqu'on ignore encore qui a eu le culot de s'en prendre aux motards criminels ni si cet attentat est le coup d'envoi d'une nouvelle guerre.


Le journaliste Julian Sher

«Je ne pense pas que c'est le début d'une attaque contre d'autres repaires. Pour l'instant, on n'a aucune preuve que c'est le début d'une guerre de motards. Il faut attendre», souligne Julian Sher, journaliste et auteur de deux ouvrages sur les Hells Angels.

Il n'est pas impossible que cet incendie criminel soit l'oeuvre d'ex-membres ou d'ex-alliés des Hells déçus. «Ça peut être une chicane ou une guerre qui est limitée à des désaccords à Sorel», note le journaliste.



Mais si jamais un autre gang est en cause, la population aura raison d'être inquiète. «Si c'est une bataille pour un territoire qui est plus grand que Sorel, c'est-à-dire si les Bandidos ou un autre groupe est impliqué, ça peut être dangereux. Il ne faut pas oublier que parfois, il y a des batailles internationales qui ont des répercussions ici. (...) Si on voit que c'est vraiment un autre gang (qui est impliqué), toute ville comme Trois-Rivières, qui est une base pour les Hells, peut être ciblée. Les ennemis des Hells sont nombreux et ils ne sont pas limités à une seule ville. Ça peut être des ennemis d'ailleurs qui viennent choisir une cible, n'importe quelle cible», précise M. Sher.

Ce crime devrait d'ailleurs réveiller la population sur les activités des Hells et sur le danger qu'ils représentent encore. «Je pense que ça devrait être un réveil pour les citoyens, un réveil d'alarme pour les citoyens de Trois-Rivières. Je pense que les citoyens de Trois-Rivières, comme ceux d'ailleurs, sont un peu endormis. Ils pensent que les Hells sont un peu moins actifs depuis que Mom Boucher a été arrêté, comme s'ils étaient disparus de la carte, et ce n'est pas vrai. Les membres de Trois-Rivières sont aussi actifs qu'avant, le nombre total de Hells sont aussi nombreux au Québec qu'avant. L'attaque à Sorel est une autre illustration que quand vous avez les Hells comme voisin, tôt ou tard il y a de la violence, tôt ou tard il y a des explosions, et tôt ou tard il y a du sang», croit M. Sher.

Le bunker de Sorel était le plus gros des repaires des Hells. C'est là qu'ils se sont installés lorsqu'ils ont commencé à s'implanter au Canada. Pourrait-il y avoir davantage d'activités au bunker de Trois-Rivières à la suite de la disparition de celui de Sorel? «S'il y a une instabilité dans un chapitre, ça peut donner une chance à un autre chapitre de devenir plus fort», mentionne M. Sher. Il reste que le chapitre de Trois-Rivières est déjà très puissant. «Le chapitre de Trois-Rivières est un bastion fort et stable depuis des années.»

Quant au bunker, il est surtout utilisé pour les partys. Étroitement surveillé, il s'agit d'un lieu de rencontre. «C'est surtout pour l'image. C'est pour déclarer: ''C'est notre territoire''.»

L'attaque de Sorel en était donc une contre un symbole des Hells, contre l'organisation, selon M. Sher. «Je pense que les Hells savent qui l'a fait. Ils savent qui sont leurs ennemis. Ils vont prendre leur revanche. Ils vont prendre leur temps, mais ils vont prendre leur revanche.»