L'immeuble incendié de la rue Frigon; des voisins inquiets

Cet immeuble de la rue Frigon a été la proie des flammes à trois reprises au cours des dernières semaines.

Les incendies à répétition dans un immeuble de la rue Frigon ont non seulement fait près d'une dizaine de sinistrés, mais ils rendent également certains voisins très anxieux.


«Il faut qu'ils arrêtent le gars qui fait ça. Ça fait trois fois. Je commence à avoir peur. Je ne veux pas passer au feu», lance Ginette Carier. «On a eu peur au moins une fois que le feu s'étende jusqu'ici. C'est sûr que ça pourrait arriver. Oui, ça nous inquiète. Ça fait trois fois qu'ils nous évacuent», renchérit Nathalie Lavigne, qui s'est acheté de nouveaux détecteurs de fumée.

Ces voisins de l'immeuble qui a été la proie des flammes à trois reprises, au cours des dernières semaines dont lundi, ont dû être évacués à chaque sinistre. Chaque fois, ils se demandent s'ils pourront rentrer chez eux. Ils sont d'autant plus inquiets qu'au moins deux de ces incendies sont d'origine criminelle. «Je ne souhaite pas ça à personne, même pas à mon pire ennemi. Il faut avoir un bon coeur pour passer à travers», lâche Jeanne Daniel.



Comme d'autres voisins, elle dit avoir de la difficulté à dormir en raison de tous ces sinistres. «S'il est arrêté, on va peut-être pouvoir dormir. À 3 heures du matin (mardi), je regardais à côté en cas... Les policiers étaient partis», raconte-t-elle. Comme tous les gens du quartiers, elle espère que cet incendiaire sera arrêté sous peu. «On leur souhaite bonne chance pour qu'ils l'arrêtent. Des gens vont finir par être blessés s'ils ne l'arrêtent pas», craint-elle, tout en insistant pour féliciter les pompiers qui «prennent des précautions et travaillent très bien».

Dans l'immeuble incendié, il ne reste plus qu'un locataire. Guy Boulianne est, en effet, vraisemblablement béni des dieux. Alors que le logement au-dessus du sien est complètement calciné et que celui à côté est plein d'eau, le sien n'a pas le moindre dommage. Il reste qu'il a eu peur que son chez-soi y passe. «Ça fouette quelqu'un. Oui, j'ai eu peur. Tu n'as pas le temps de niaiser.» Il a passé la nuit de lundi à mardi dans un refuge. Il a pu réintégrer son logement hier matin. La dernière fois, il s'est retrouvé à l'hôtel pendant trois jours. Mais à son retour, l'électricité n'était toujours pas rebranchée. Elle l'a été quatre jours plus tard. «La première nuit, j'ai dormi la fenêtre ouverte parce que ça sentait trop la fumée», raconte-t-il.

D'une fois à l'autre, il prend de l'expérience. Si au premier incendie, il est sorti dehors avec comme seul bien sa robe de chambre, au deuxième, il a pris le temps de s'habiller, de prendre ses médicaments et ses papiers d'identité. Bien qu'il en soit à son troisième incendie en moins d'un mois, il refuse de s'alarmer. Il croit bien que cette série noire est terminée. «Jamais deux sans trois. Ça fait trois fois alors c'est fini. J'espère...»

D'autres locataires ont eu moins de chance. Le logement de René Lefebvre a été endommagé par l'eau.



«Je suis tout croche. J'en ai mon voyage. Je ne souhaite pas ça à personne», lâche-t-il, visiblement découragé.

Il demeure présentement à l'hôtel. Mais atteint d'une déficience intellectuelle, il ne sait pas trop où il va vivre en attendant que son logement soit remis en état.

«Je ne peux pas rester dans un hôtel éternellement, ça coûte trop cher. Si je ne peux pas retourner dans mon logement, ça se peut que je me ramasse dans un foyer», craint-il.