Des milliers de Québécois ont écrasé pour de bon

Même si elle a fait rager plus d'un fumeur, la loi antitabac a eu l'effet escompté: des milliers de Québécois ont écrasé pour de bon.


Le nombre de fumeurs, qui était de 1,5 million au printemps 2006 lorsqu'il est devenu interdit de fumer dans les lieux publics, est tombé à 1,1 million à l'automne 2007. Non seulement, il y a moins de fumeurs, mais on grille moins de cigarettes par la même occasion. Ainsi, le nombre quotidien de cigarettes fumées en semaine est passé de 21,7 à 18,5 millions et de 24,4 à 20,5 millions les jours de fin de semaine.

 



En Mauricie, il n'y a pas encore de données régionales récentes à ce sujet. Par contre, on sait que les demandes d'aide aux centres d'abandon du tabagisme ont doublé. En 2005-2006, on dénombrait 430 demandes d'aide en Mauricie; en 2006-2007, elles ont grimpé à 779 pour atteindre 829 en 2007-2008.

Cette hausse s'explique non seulement par une meilleure connaissance des recours disponibles pour contrer le tabagisme mais aussi par l'apparition de médicaments comme le Champix et bien sûr les restrictions de la loi anti-tabac.

Un impact moins pire que prévu dans les bars

Du côté des tenanciers de bars, force est d'admettre que la loi n'a pas été aussi néfaste que prévu. Du moins, c'est ce que mentionne Renaud Poulin, président de la Corporation des propriétaires de bars, brasseries et tavernes du Québec.



«L'interdiction de fumer dans les bars n'a pas causé plus de faillites que la normale. Les commerces qui ont fermé leurs portes étaient déjà fragiles. Je pense notamment à certaines tavernes dont la clientèle était composée de fumeurs plus âgés. Il y a bel et bien eu une baisse des ventes d'alcool et de bières que nous pouvons évaluer à 6 à 7% mais le pire a été dans le jeu qui a causé une baisse de 15%», a-t-il expliqué.

Selon lui, les fumeurs ont peut-être été peu nombreux à délaisser les bars. Par contre, ils restent moins longtemps ou ils sortent souvent à l'extérieur pour fumer, de sorte que la consommation de bières a diminué. En contrepartie, M. Poulin soutient que l'interdiction de fumer n'a pas attiré une nouvelle clientèle de non-fumeurs.

«Ça, c'est ce que prétendait le gouvernement pour faire passer la pilule mais la clientèle est demeurée la même. Ce n'est pas la fumée qui empêchait les gens de sortir dans les bars», a-t-il précisé.

Il reconnaît même que la loi s'est avéré positive pour l'environnement de travail. «Plusieurs ne voudraient pas retourner en arrière. Ils ont constaté à quel point il était agréable de travailler dans un environnement sans fumée», a-t-il conclu.

 

Les écoles ne sont pas à l'abri



Depuis le 1er avril 2007, au Québec, 230 adolescents ont écopé de constats pour avoir fumé sur les terrain d'une école. En Mauricie, on dénombre un total de 13 contraventions. Or, elles ont toutes été émises au printemps 2007 à des jeunes étudiants de l'école secondaire Paul-Le Jeune à Saint-Tite.

Les inspecteurs du tabac se sont en effet rendus à deux reprises sur les terrains de l'école secondaire parce que les jeunes étaient rébarbatifs envers la loi. La première fois, les inspecteurs ont servi des avertissements mais la deuxième fois, ils ont sévi. Le montant des amendes pouvait atteindre 125 $ environ.

Comme l'explique le directeur Renaud Lévesque, le terrain de l'école est très grand. «Les jeunes ont une grande distance à parcourir pour se rendre à la voie publique. Les jours de pluie par exemple, certains préféraient fumer devant les portes des ateliers au lieu de marcher jusqu'à la rue. Or, depuis la visite des inspecteurs, nous avons entrepris des blitz de sensibilisation à l'interne. La surveillance a été accrue de sorte que ça va beaucoup mieux maintenant. La loi est respectée. Il faut dire que nous n'avons pas beaucoup de fumeurs: sur les 35 qui sortent à l'extérieur, une dizaine seulement fument», a-t-il expliqué.

Dans les autres écoles de la Commission scolaire de l'Énergie, la seule problématique concernait la réglementation qui était différente sur les terrains des centres de formation professionnelle. En effet, la loi prévoit qu'il est interdit de fumer dans tous les locaux et les bâtiments de la commission scolaire, ce qui inclut le centre administratif, les centres de formation professionnelle et toutes les écoles. La loi est la même sur les terrains des écoles. Par contre, il est possible de fumer à l'extérieur d'un Centre de formation professionnelle dans un rayon de 9 mètres de toutes portes communiquant avec l'un de ces lieux ou la limite du terrain, si celle-ci est à moins de 9 mètres.

Puisque les terrains des écoles secondaires et des centres pour adultes cohabitent parfois, comme à La Tuque par exemple, la commission scolaire s'est proclamée sans fumée cet automne. À la rentrée scolaire, des panneaux qui rappellent l'interdiction formelle de fumer, avaient été installés sur les terrains de toutes les écoles.

Enfin, du côté de la Commission scolaire du Chemin-du-Roy, le directeur général Michel Morin, a indiqué que la commission était déjà «sans fumée.» Si, lors de l'entrée en vigueur de la loi, des opérations de sensibilisation et de surveillance ont dû être faites à certains endroits, notamment à Chavigny où des jeunes allaient fumer sur des terrains privés avoisinant l'école, la réglementation est somme toute bien appliquée.