Les enseignants au collégial mécontents

De gauche à droite: Vincent Roy, directeur au Syndicat des enseignantes et enseignants du Collège Shawinigan, Luc Vandal, vice-président, Yves St-Pierre, président du syndicat des professeur(e)s du Cégep de Trois-Rivières et Paul Lavergne, président du Syndicat des enseignantes et enseignants du Collège Shawinigan.

Trop d'élèves par classe, trop de cours à donner par professeur, trop d'argent consacré aux bâtisses et pas assez à l'enseignement.


Les professeurs du Cégep de Trois-Rivières et du Collège Shawinigan ont uni leur voix à celle de leurs collègues du reste du Québec, hier, pour dénoncer la manière dont les transferts fédéraux en matière d'éducation supérieure sont distribués par Québec.

 

Bien que le ministère ait accordé aux cégeps 40­% des montants reçus au titre de l'enseignement supérieur, seulement 10­% de ce 40­% sont consacrés aux tâches périphériques à l'enseignement et aucun argent n'est consacré à l'aide à la réussite, ont déploré hier les présidents des deux syndicats de professeurs, Paul Lavergne, du Collège Shawinigan et Yves St-Pierre du Cégep de Trois-Rivières.

À Trois-Rivières, le réinvestissement fédéral se chiffre à 1­663­000­$.

De ce montant, à peine 198­000­$, soit l'équivalent de 2,91 professeurs, sont consacrés à l'ajout de ressources enseignantes dans les fonctions périphériques à l'enseignement.

À Shawinigan, le Collège recevra 718­700­$, mais à peine 82­162­$ (1,21 professeur) viendront renflouer les ressources enseignantes.

Les présidents des syndicats d'enseignants racontent que la situation est devenue insoutenable.

Certains professeurs, disent-ils, peuvent avoir jusqu'à 160 étudiants sous leur responsabilité et doivent préparer jusqu'à sept ou huit cours différents.

Ils doivent aussi enseigner à des groupes de plus de 40 étudiants alors que les locaux n'ont pas été prévus à cet effet.

Selon eux, les étudiants se retrouvent plus souvent qu'autrement deux par pupitre alors que d'autres doivent se contenter du bord de la fenêtre en guise de chaise.

Selon le syndicat, le recrutement de nouveaux professeurs est devenu de plus en plus difficile, les salaires n'étant pas assez élevés.

«En soins infirmiers, les gens à l'interne font plus que 100­% parce qu'ils ne sont pas capables de recruter. Une infirmière qui travaille dans le réseau hospitalier à l'heure actuelle gagne plus qu'un enseignante de Cégep», racontent les présidents.

«Tu embauches des techniciens et des techniciennes qui sont infirmières et infirmiers dans les centres hospitaliers. Pour enseigner, chez nous, ils mettent une clause comme de quoi tu es obligé de faire ton baccalauréat en même temps que tu travailles. Tu as un lien d'emploi avec l'hôpital deux jours semaine - parce que tu ne veux pas lâcher ce que tu as de sûr - tu enseignes deux, trois jours semaine et tu suis ton cours à l'université, tout ça avec un salaire de base qui est moins élevé que ce que tu ferais si tu restais à l'hôpital», illustre Paul Lavergne qui enseigne les soins infirmiers.

Une lettre signée par 9023 enseignant(e)s du collégial a été envoyée à la ministre Michelle Courchesne pour dénoncer ces situations et lui demander une rencontre.