Aluminerie de Shawinigan: des employés sarcastiques

Louis-Gérard Dallaire et Michel Anger

Le président du Syndicat des travailleurs de l'aluminerie Alcan (CSN), Louis-Gérard Dallaire, est étonné du fort degré de mobilisation qui anime toujours ses troupes lorsque l'enjeu de l'avenir du site de l'usine est abordé.


En fin de matinée hier, les travailleurs ont participé en grand nombre à la manifestation pacifique organisée pour mettre la table avant la visite du président de la division Métal primaire, Amérique du Nord de Rio Tinto Alcan, Jean Simon.

 



Certains d'entre eux avaient pris soin de confectionner des pancartes avec des messages sarcastiques, tels que «Rio Tinto Alcan produit de l'espoir, mais pas à Shawinigan» ou «Rio Tinto Alcan produit de l'avenir et l'exporte au Saguenay - Lac-Saint-Jean».

«J'étais un peu surpris de voir ces pancartes», sourit M. Dallaire. «Des surprises agréables!»

Le président syndical rencontrera M. Simon, ce matin, avec une liste précise de sujets qui alimentent bien des questions chez les travailleurs.

La date prévue de l'arrêt de l'exploitation de l'usine, le glissement du projet de fabrication d'anodes au Complexe Jonquière, le défi de rétention de la main-d'oeuvre et la consolidation des emplois au-delà de 2015 feront partie des points chauds traités.



Le syndicat déposera aussi un mémoire à M. Simon dans lequel il retrace l'évolution de l'aluminerie au cours des dernières décennies.

«Ça fait quand même 30 ans qu'il n'y a pas eu de conflit de travail à l'usine», fait remarquer M. Dallaire. «Nous avons piloté plusieurs projets pilote qui étaient difficiles à réaliser ailleurs, comme l'arrivée d'une nouvelle génération d'équipement. On se faisait toujours dire que si on acceptait de faire les choses différemment, ça pouvait être payant pour nous en bout de ligne.»

«Or, des déceptions, nous en avons vécu plus d'une», poursuit-il. «Dans les années 90, l'aluminerie devait être reconstruite dans la vallée du Saint-Maurice. Un projet de centre de coulée horizontale nous a aussi glissé sous les pieds pour se retrouver au Saguenay.»

À regarder toujours passer le train, M. Dallaire craint que le phénomène d'exode des jeunes et des travailleurs spécialisés s'accentue si Rio Tinto Alcan ne donne pas davantage d'espoir à la région.

Une observation que partage Michel Angers, premier vice-président au Conseil central du Coeur-du-Québec à la CSN.

«Le contexte industriel est déjà suffisamment difficile à Shawinigan qu'on ne peut pas rester continuellement dans l'incertitude», considère-t-il. «On n'a certainement pas les moyens de perdre notre main-d'oeuvre spécialisée, particulièrement nos jeunes professionnels.»